Pourquoi le recrutement des cadres va-t-il devenir de plus en plus difficile ?
Aujourd’hui, nous observons de nouvelles dynamiques en matière de recrutement des cadres. En effet, plusieurs facteurs tendent à influencer une évolution en cours et celle-ci risque de s’accentuer. Les « babys boomers », nés du boom démographique d’après-guerre, ont commencé à partir à la retraite, or les générations qui ont suivi sont moins nombreuses, ce qui risque de créer une tension non négligeable sur le marché du travail. Parallèlement à cela, nos besoins en termes de travail qualifié, et tout particulièrement de cadres, ont considérablement augmenté. Quels sont les obstacles que nous risquons de rencontrer dans le processus de recrutement des cadres ? Cette question est d’autant plus d’actualité que le monde du travail en pleine transition.
Le Ghosting des candidats
Imaginez, vous faites passer des entretiens d’embauche pour un poste de cadre et vous tombez sur la perle rare. Il correspond à toutes vos attentes, vous lui donnez un avis favorable, vous commencez à préparer son intégration, et puis… plus rien. Plus de nouvelles, plus de réponses à vos sollicitations, c’est ce que l’on appelle depuis peu le « Ghosting ». Certains adeptes vont jusqu’à signer leur contrat de travail, puis ne se présentent pas le jour de leur prise de poste, ou partent quelques jours après, tout cela sans en donner les raisons. Cette pratique est si répandue aujourd’hui que nous avons tous probablement déjà vécu cette situation.
Emprunté aux réseaux sociaux, le « Ghosting » est la situation où quelqu’un disparaît subitement et arrête de donner des nouvelles, sans explication. Souvent, le candidat a donné suite à une proposition de façon transitoire, en attendant de trouver un emploi qui lui convient mieux, en termes de salaire, de localisation plus proche de son domicile, etc… Des valeurs telles que l’engagement et l’altruisme n’existent pas.
Si l’appellation de ghosting est récente, ce n’est pas pour autant que la pratique n’est pas ancienne. Elle a toujours été présente sur le marché du travail mais a gagné du terrain depuis quelques temps. On la trouve traditionnellement dans des postes précaires mais elle se répand de plus en plus dans d’autres types de postes et particulièrement chez les cadres.
Ainsi, le ghosting est une menace grandissante pour le recrutement des cadres, qui nous pousse donc à revoir nos processus de recrutement afin de sélectionner les candidatures sincères, prêtes à l’engagement. Pour ce faire, il est indispensable de creuser la personnalité du candidat et de bien vérifier que son projet de vie professionnelle et personnelle correspond au projet de l’entreprise pour lui.
Le zapping
Le ghosting n’est pas la seule menace qui plane sur le recrutement des cadres, la pratique du zapping se répand particulièrement dans la génération Y. Cette génération est en effet en quête de sens et d’évolution. Peut-être cette quête a-t-elle fait suite aux difficultés professionnelles que leurs parents ont rencontrées dans les périodes de crises assorties de plans sociaux, qu’ils ont vécues de près… Ils n’hésitent donc pas à bousculer les modes de vie pour élargir leurs perspectives d’avenir quitte à pratiquer le zapping.
A la manière d’un programme télé dont on se lasse, la génération Y a tendance à changer d’emploi dès que ce dernier ne lui convient plus exactement. Il existe un véritable problème de fidélisation du cadre de la génération Y à l’entreprise, qui ne se manifeste pas seulement par une propension à changer souvent d’emploi mais également par une tendance à développer des projets personnels hors de l’entreprise.
Les jeunes cadres de la génération Y peuvent avoir des difficultés à imaginer leur futur au sein de l’entreprise, donc à se stabiliser, rendant évidemment leur recrutement et leur fidélisation plus complexes. Certains sont même amenés à déserter le marché du travail, ce qui réduit d’autant le nombre de cadres disponibles. Notre rôle consistera alors à communiquer sur la vision de la société, sur le sens de ses activités, et sur les bénéfices personnels de tous ordres que le collaborateur pourra en tirer.
A ces tendances s’ajoutent en plus les changements que la crise actuelle a apportés.
L’exigence croissante du télétravail de la part du candidat
Contraint à l’origine pour limiter la pandémie, le télétravail est devenu un choix pour beaucoup de salariés aujourd’hui. Perçu comme moins contraignant, moins fatiguant, favorable à la productivité mais aussi à l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, ce mode de travail a séduit et convaincu de nombreux cadres.
En recherche de plus de flexibilité également, certains cadres font désormais du télétravail une exigence, donc un critère pour choisir leur futur employeur. Or il n’est pas toujours possible pour les recruteurs d’accepter l’exercice du travail dans ces modalités : une prise de poste de manager d’équipe, ou de bras droit du dirigeant, dans une nouvelle entreprise où il faut vite s’intégrer, parfois dans un secteur d’activité à découvrir, sont autant d’obstacles légitimes. Une partie des candidats va donc se détourner des emplois classiques, rendant ainsi le recrutement plus complexe.
Les solutions peuvent apparaître difficiles : redonner un sens à l’espace du bureau, rendre attractives les réunions en présentiel, valoriser les rencontres physiques, faire participer à la vie de l’entreprise et de ses valeurs, assouplir les horaires de travail… ou bien céder et essayer de s’adapter. La communication et la proximité avec le candidat sont là-encore indispensables.
Trouver de l’aide auprès de professionnels du conseil RH
Pour éviter le ghosting et le zapping, il s’agit de trouver et sélectionner les candidats qui correspondront vraiment au poste et à l’entreprise, qui montreront leur envie et leur enthousiasme sincère. Face à aux difficultés croissantes que le recrutement des cadres va connaître, faire appel à un chasseur de têtes est une solution pertinente. C’est un moyen de sécuriser ses recrutements de cadres et de faire avancer son entreprise avec davantage de sérénité vers la réussite.
Richard Lacroix