40 ans et encore déstabilisé par un entretien
Je m’appelle Chada. Le recrutement est un métier que j’ai découvert un peu par hasard pour être tout à fait honnête. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée de “l’autre côté de la barrière”, ce côté qui peut interloquer et décontenancer, qui la veille d’un entretien vous transforme d’un humain lambda au futur J.Huston des temps modernes.
L’idée de cet article m’est venue lorsque, un candidat d’une quinzaine d’années plus âgé que moi fût déstabilisé par l’une de mes questions. Après réflexion, j’ai souhaité comprendre comment un candidat de 40 ans pouvait encore être déstabilisé par un entretien…sauf que je n’ai pas 40 ans. À la question de comprendre comment un candidat avec tant d’années d’expériences, d’histoires pouvait se retrouver désorienté lorsqu’il s’agit d’un simple échange sur son vécu et son quotidien, je n’ai encore pas réellement trouvé de réponses.
Suite à de longs moments de réflexion, assise sur un banc face à la tour Eiffel, je pense avoir trouvé un début de réponse à la question. Et cette réponse était sous mon nez. Elle tient en quelques mots “Recruter au-delà des compétences ».
En effet, au-delà des compétences, lorsqu’un recruteur questionne un candidat doté d’une “certaine” expérience , il/elle ne questionne pas uniquement son expertise mais la personne qu’elle est, ses valeurs, ses motivations profondes, ses centres d’intérêts…tout simplement le recruteur s’intéresse à la personne qu’il a devant lui…l’Humain avec un grand H prend alors toute sa place dans ce moment si critique tant pour le candidat que pour le recruteur. Pour une fois, ce n’est plus seulement la question du profil ayant la meilleure compétence technique qui est posée mais celle de savoir quel(le) candidat(e) à la personnalité la plus en adéquation avec les attendus du poste, de l’entreprise et des équipes. Cela remet donc profondément en question cette course aux compétences que nous passons notre vie à tenter de terminer. Et cela semble être encore plus vrai dans le monde actuel où l’obsolescence des compétences est devenue une question obsessionnelle pour de nombreuses personnes. Josh Kaufman lui-même l’a définie en utilisant l’adjectif “parfaitement” afin de souligner la nécessaire mise à niveau de nos compétences pour être performant au travail. Il ne s’attendait certainement pas à ce qu’en l’espace de 50 ans, cette notion d’obsolescence des compétences devienne un sujet majeur pour les entreprises et les candidats.
Ce qui est intéressant, c’est que nous pouvons et avons la responsabilité de permettre à nos expertises techniques de fleurir et de mûrir mais qui peut prétendre à la perfection lorsqu’il s’agit de personnalité ? C’est peut-être alors ici que se cache la réponse à toutes mes questions. En travaillant chez Persuaders, j’ai finalement compris quel était le véritable rôle de tous ces recruteurs que j’ai pu « désapprouver ” pendant et après les entretiens. Car si l’évaluation des compétences techniques est nécessaire, l’évaluation de la personnalité du candidat est la clé absolue d’un bon recrutement. Mais ne vous méprenez pas…l’évaluation de personnalité ici ne fait pas écho à un jugement subjectif que l’on pourrait avoir sur une personne qui ne partagerait pas nos valeurs par exemple, mais à des critères très précis qui doivent être en accord avec le futur poste du candidat interrogé. C’est à ce moment précis que j’ai compris l’idée “Recruter au-delà des compétences ».
Finalement, ce qui a déstabilisé mon candidat n’était, en aucun cas, lié à ses compétences techniques mais à un aspect précis de sa personnalité qui aurait pu le mettre dans une situation délicate. Cette expérience assez frustrante, car je m’étais juré de ne jamais être ce type de recruteur, m’a finalement ouvert les yeux sur un point que je vis depuis quotidiennement.. Notre métier n’est pas de recruter au terme stricto sensu mais de trouver, le candidat avec la personnalité la plus en symbiose avec les attentes, valeurs et “état d’esprit” de l’entreprise. Évidemment nous n’oublions pas les hard skills, mais entre apprendre à faire quelque chose et apprendre à faire semblant d’être autre chose, le choix semble très rapidement être tranché !